Sic ad hoc n°02 - NormanDoc'

Sic ad hoc n°02

Novembre - Décembre 2021

Sélection de publications en SIC par et pour les professeurs documentalistes réalisée par le groupe de travail DidacSic de l’académie de Normandie.

Les résumés, les extraits sont issus de leur notice d’origine (sauf mention contraire).
© DidacSic 2021 – Contact : frederic.rabat@ac-normandie.fr

Nouveauté du numéro courant : note de lecture sous forme de Focus en fin de sélection.

, par Frédéric Rabat - Format PDF Enregistrer au format PDF

Articles

Article

Après la bataille ? Formules et plasticité du journal hebdomadaire d’information au XXe siècle

Marie-Ève Thérenty

Résumé
Cet article porte sur la gestion du temps de la semaine dans les hebdomadaires d’information qui connaissent le risque d’avoir un temps de retard, par rapport aux quotidiens et aux autres médias (radio, télévision). L’article présente les deux modèles historiques français d’hebdomadaires d’information, les « hebdomadaires de lecture » et les « miroirs photographiques » jusqu’à l’instauration en 1964 du format newsmagazine. Il montre les procédés poétiques inventés par les hebdomadaires pour concurrencer avec succès les quotidiens et les autres médias : événementialisation, éditorialisation, illustration. Il insiste enfin sur la présence à côté de l’actualité hebdomadaire d’une semaine cycle avec un traitement de l’actualité récursif qui accompagne les nouveaux rythmes collectifs et professionnels, qui construit des communautés et véhicule des styles de vie.

Mots-clés

presse, information, source, événementialisation, éditorialisation, illustration

Thérenty Marie-Ève, « Après la bataille ? Formules et plasticité du journal hebdomadaire d’information au XXe siècle », Sociétés & Représentations, 2021/2 (N° 52), p. 137-152. DOI : 10.3917/sr.052.0137. URL : https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2021-2-page-137.htm

Article

La voie de l’inclusion par la médiation au musée des beaux-arts : des publics fragilisés au public universel - Compte rendu de thèse

Muriel Molinier, Culture & Musées

Extrait
« L’enracinement social du musée, sa volonté de démocratisation, font de lui un territoire privilégié pour observer la mise en place de l’inclusion dans la société. Dès la fin des années 1980, les musées cherchent à ouvrir leur offre de médiation à des publics fragilisés par des problématiques médicales, sociales ou médico-sociales. Or, si des postes dédiés sont depuis créés au sein des services des publics, il ne semble pas y avoir dans les musées de spécialistes formés aux problématiques de ces publics pour concevoir ou adapter les dispositifs. Comment sont alors prises en compte les problématiques dans la médiation ? Nous questionnons les processus de médiation et d’inclusion, et leur lien avec les publics : comment l’inclusion influence la médiation ? Comment la médiation participe à l’inclusion ? Comment passer d’une médiation pour des publics exclus, catégorisés, à une médiation universelle ? Car si l’intégration est la réponse à des besoins spécifiques, l’inclusion, plus exigeante, se doit selon nous d’aborder l’aspect universel de la médiation. »

Mots clés

médiation, inclusion

Muriel Molinier, « La voie de l’inclusion par la médiation au musée des beaux-arts : des publics fragilisés au public universel », Culture & Musées [En ligne], 37 | 2021, mis en ligne le 01 juin 2021, consulté le 16 novembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/culturemusees/5953 ; DOI : https://doi.org/10.4000/culturemusees.5953

Article

La plateformisation des médias français et le ton du débat public

Inna Lyubareva, Julien Mesangeau, Nadira Boudjani, Imad El Badisy et Laurent Brisson

Résumé
Les auteurs cherchent à comprendre, d’une part, où et quand l’espace des commentaires sur la plateforme YouTube en vient à être touché par les débats brutaux ou agressifs et, d’autre part, quels facteurs limitent ou favorisent cette agressivité. Pour atteindre cet objectif, ils emploient un dispositif se positionnant à la lisière du traitement automatisé du langage et de l’économie politique des médias. Ils basent leur étude sur 2 209 206 commentaires, dont 1 184 859 se trouvent dans les fils de discussion, répartis dans les espaces de commentaires de 46 090 vidéos. Ces dernières sont issues d’un panel de 57 chaînes de médias français aux catégories institutionnelles et aux positionnements différents.

Mots-clés

régime d’expression, débat publique, média social

Inna Lyubareva, Julien Mesangeau, Nadira Boudjani, Imad El Badisy et Laurent Brisson, « La plateformisation des médias français et le ton du débat public », Communication [En ligne], Vol. 38/2 | 2021, mis en ligne le 01 novembre 2021, consulté le 16 novembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/communication/14433

Article

Circulation du mot climatosceptique : trajectoire et enjeux sociodiscursifs d’une formule

Élise Schürgers

Résumé
L’article se propose d’étudier la discursivité du phénomène climatosceptique selon la perspective du métadiscours médiatique (presse écrite francophone, en France et en Belgique) et se penche pour cela sur la circulation du lexème climatosceptique et de ses variations morphosyntaxiques par le biais de la notion de « formule ». La recherche parvient à établir trois paliers chronologiques dans les usages (2004-2008, 2009-2014, 2015-2019) et aboutit à la conclusion que, paradoxalement, l’apparition et le développement de la formule correspondent moins à la montée d’une opposition qu’à un affermissement du consensus médiatico-discursif sur le climat.

Mots clés

dialogisme, formule, climatosceptique, métadiscours médiatique (France-Belgique), variations morphosyntaxiques

Référence électronique

Élise SCHÜRGERS, « Circulation du mot climatosceptique : trajectoire et enjeux sociodiscursifs d’une formule », Mots. Les langages du politique [En ligne], 127 | 2021, mis en ligne le 03 janvier 2024, consulté le 28 novembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/mots/28740 ; DOI : https://doi.org/10.4000/mots.28740

Article

Les modalités de la colère citoyenne sur Twitter Arnaud Mercier

Résumé
Beaucoup d’expressions agressives d’internautes sur Twitter s’apparentent à des cris de colère. Elles expriment publiquement des frustrations, visant ou pas des cibles explicites, désignant des responsables de la situation vécue, selon un système de preuves souvent approximatives voire fantasmées. Les rhétoriques du ressentiment, de l’indignation ou du dégoût trouvent, avec cette plate-forme, une manière de s’exprimer assez librement (à condition de ne pas appeler à une haine explicite et ciblée).

Mercier Arnaud, « Les modalités de la colère citoyenne sur Twitter », Quaderni, 2021/3 (n° 104), p. 49-62. DOI : 10.4000/quaderni.2134. URL : https://www.cairn.info/revue-quaderni-2021-3-page-49.htm

Article

Fronder : une poïétique de la communication

Camille Zéhenne

Résumé
Cet article postule que le sensible est une manière, dans la rencontre à l’autre, que propose l’art comme relation, de fronder, de renverser l’univoque comme valeur de production. C’est une réorganisation de la relation (de l’interaction) qui va du niveau sensoriel au niveau symbolique et qui contribue à refonder poïétiquement la communication interpersonnelle.

Référence électronique

Camille Zéhenne, « Fronder : une poïétique de la communication », MEI : Information et Médiation #50 [En ligne], Mis en ligne le 2 septembre 2020, consulté le 07 novembre 2021. URL : http://mei-info.com/revue/50/91/
https://mei-info.com/revue/50/91/fronder-une-poietique-de-la-communication/#:~:text=Cet%20article%20postule,la%20communication%20interpersonnelle.%C2

Article

Des formats d’information : Une mise à l’épreuve critique de l’expérience informationnelle

Anne Cordier

Par une approche anthropologique des pratiques informationnelles, l’autrice propose d’analyser en quoi les formats d’information plébiscités par les adolescents et jeunes adultes, circulant essentiellement via les réseaux sociaux numériques, mettent à l’épreuve leurs compétences critiques de traitement et d’analyse de l’information. Ces recherches permettent de tirer des enseignements pour les médiations des savoirs et l’éducation critique à l’information.

Mots-clés

pratiques informationnelles, formats d’information, éducation aux médias et à l’information, médiations des savoirs

Anne Cordier. Des formats d’information : Une mise à l’épreuve critique de l’expérience informationnelle. Conférence internationale H2PTM « Information : enjeux et nouveaux défis », Oct 2021, Paris, France.
Mis en ligne le 20/11/2021, consulté le 30/11/2021. URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03452769

Article

Pratiques informationnelles des youtubeurs scientifiques au service de la médiation du savoir : Youtubeurs scientifiques : activité et pratiques informationnelles

Emmanuelle Chevry Pébayle

Depuis 2005, l’information de sujets scientifiques et culturels à des publics non spécialisés se transmet par vidéos sur Youtube, favorisant ainsi l’accès aux discours de vulgarisation. Ces vidéastes scientifiques s’enrichissent d’une spécialisation et jouent un rôle important dans la vulgarisation des savoirs et/ou leur médiation. Afin de mieux appréhender les relations entre sciences, recherche et société, l’auteure examine le point de vue de ces youtubeurs que l’on qualifie de pro-am, c’est-à-dire un amateur-professionnel, sur leur activité et les compétences informationnelles qu’ils mobilisent. Ce succès des youtubeurs pro-am s’expliquerait par l’ethos de l’expert qui ne semble plus reposer uniquement sur des critères académiques comme les diplômes ou la profession.

Mots-clés

YouTube, vulgarisation scientifique, vidéastes pro-am, ethos, France

Emmanuelle Chevry Pébayle, « Pratiques informationnelles des youtubeurs scientifiques au service de la médiation du savoir »,Communication [En ligne], Vol. 38/2|2021, mis en ligne le 01 novembre 2021, consulté le 23 novembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/communication/14808 ; DOI : https://doi.org/10.4000/communication.14808

Ouvrages

Ouvrage

La bibliothèque municipale de Rouen : 200 ans d’histoire(s)

Martine Poulain

Note de lecture (extrait)

C’est tout à la fois un beau livre et un livre passionnant, nourri d’approches nouvelles, que nous proposent Marie-Françoise Rose, ancienne directrice et spécialiste de l’histoire de la bibliothèque municipale (BM) de Rouen et ses collaborateurs. L’élégance de la mise en page, la richesse des illustrations le disputent en effet à la qualité et à la diversité des textes rassemblés, par ailleurs accessibles à un large public.

Martine POULAIN, «  Marie-Françoise Rose (dir.), La bibliothèque municipale de Rouen : 200 ans d’histoire(s)  », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 21 octobre 2021.
En ligne : https://bbf.enssib.fr/critiques/la-bibliotheque-municipale-de-rouen_70134

Ouvrage

Fake news, rumeurs, intox… Stratégies et visées discursives de la désinformation

Lucie Donckier de Donceel

Note de lecture (Extrait)

L’ouvrage de Rosa Cetro et Lorella Sini s’ouvre sur une présentation du volume par les deux auteures. Après avoir rappelé le cadre dans lequel ce projet a vu le jour, elles s’attellent à une double tâche : délimiter une définition générique et une traduction française pour le syntagme anglais fake news et, plus globalement, retracer les différents contextes dans lequel cette notion a évolué et évolue encore. (…) Plus précisément, l’ouvrage est construit en trois volets. Les contributions de la première partie se centrent sur la question de la manipulation de l’information à travers l’analyse de discours et de contre-discours. La question complexe de la « vérité » apparaît également en filigrane dans cette partie. Les contributions de la seconde partie offrent quant à elles une réflexion sur le rapport de continuité entre propagande et intox à travers le temps et dans deux domaines spécifiques : la politique et la religion. Enfin, les contributions de la troisième partie, plus brèves, se concentrent sur le rapport entre intox et discours conspirationnistes (…).

Référence électronique

Lucie Donckier de Donceel, « Rosa Cetro et Lorella Sini (éds), 2021. Fake news, rumeurs, intox… Stratégies et visées discursives de la désinformation (Paris : L’Harmattan) », Argumentation et Analyse du Discours [En ligne], 27 | 2021, mis en ligne le 14 octobre 2021, consulté le 15 novembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/aad/5925 ; DOI : https://doiorg/10.4000/aad.5925

Ouvrage

Maxime Fabre, Photographie de presse. Régimes de croyance

Academia/L’Harmattan, « Extensions sémiotiques », 2020

Note de lecture (extrait)

Dans son ouvrage Photographie de presse, Maxime Fabre propose une réflexion, ou plutôt une démonstration, du statut dynamique du signe photographique, à partir de la typologie sémiotique peircienne. Cette réflexion s’inscrit d’une part dans une tradition sémiotique accordant toute son importance au signe, et d’autre part dans un contexte spécifique, celui de la photographie de presse qui a pour objectif stricto sensu d’informer, et, a priori, de traduire le réel de manière véridictoire. Maxime Fabre rappelle à ce sujet qu’« on ne peut cependant parler pragmatiquement “d’image photographique” sans réinscrire l’objet de l’étude dans un contexte. Ce contexte, ce sera celui de la photographie de presse. De par le contrat de véridiction qu’elle doit au spectateur, dire une certaine vérité du monde à partir de laquelle elle souhaite nous informer, ou encore des styles stratégiques qu’elle a développés au fil du temps, la photographie de presse est plus que jamais au cœur de ces deux problématiques ». La problématique qui en découle est la suivante : la photographie est-elle un procès sémiotique « re-présentant » le réel, ou bien une pratique magique « inventant » ou réinventant la réalité référentielle ?

Pierre-Antoine NAVARETTE"
https://www.unilim.fr/actes-semiotiques/7108#:~:text=Maxime%20Fabre%2C%20Photographie,Pierre%2DAntoine%20NAVARETTE

Ouvrage

Fantasmagorie de l’écran. Nouvelles scènes de lecture 1980-2012

Faïza Naït-Bouda
Edition Presses universitaires du Septentrion. coll. Information – communication, 2020

Note de lecture (extrait)

L’ouvrage présenté ici propose une approche ethno-sémiotique des « scènes de lecture », combinant de manière tout à fait novatrice sémiologie, sociologie de la lecture, ou encore ce que l’on pourrait qualifier de « sociologie de l’écran ». L’ouvrage utilement structuré en cinq chapitres s’inscrit dans la lignée des travaux dynamisant la recherche en sémiotique communicationnelle par l’étude de la formation et de la circulation des représentations de la culture écrite dans l’espace public, lequel est ici conçu en contraste avec l’espace privé. L’auteure ouvre à cet effet une réflexion sur la culturisation de l’écrit et celle des écrans de lecture.

Le premier chapitre retrace le cheminement réflexif et théorique arpenté par l’auteure pour interroger les représentations en question, et cela depuis le tournant majeur du XIXe siècle impulsé par l’industrialisation des modes de reproduction et de diffusion des imprimés jusqu’à l’émergence des « machines » de lecture contemporaines.

Référence électronique

Faïza Naït-Bouda, « Fantasmagorie de l’écran. Nouvelles scènes de lecture 1980-2012 », Terminal [En ligne], 131 | 2021, mis en ligne le 15 novembre 2021, consulté le 28 novembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/terminal/8142 ; DOI : https://doi.org/10.4000/terminal.8142

LOUPE

Focus DidacSic

Zoom sur l’article “Pratiques informationnelles des youtubeurs scientifiques au service de la médiation du savoir : Youtubeurs scientifiques : activité et pratiques informationnelles” d’Emmanuelle Chevry Pébayle

L’autrice commence par un constat : YouTube facilite l’accès au discours de vulgarisation scientifique. Le Youtubeur, souvent qualifié de pro-am (amateur professionnel) se transforme parfois en spécialiste de la vulgarisation, ou en médiateur des sciences, selon une appellation récente, fréquemment employée par ces youtubeurs eux-mêmes.

• Le pro-am est décrit comme un créateur de contenu qui cherche à se faire plaisir, qui s’inscrit dans un mouvement général de diffusion des savoirs par le biais du web, et qui est en mesure de débattre avec des experts, et exprimer son avis, en s’appuyant sur les connaissances qu’il a pu construire par ses recherches et son expérience.
• La médiatrice scientifique Morgane Kleine distingue ainsi le vulgarisateur scientifique du médiateur : le premier cherche à transmettre du savoir alors que le second établit une communication bilatérale qui permet les échanges.
Sa problématique est la suivante : s’interroger sur les pratiques informationnelles de ces médiateurs, afin de mieux connaître leur activité et peut-être de la légitimer davantage, sachant que la récente loi de programmation de la recherche (12/2020) souhaite une science plus ouverte aux citoyens, dans le cadre d’une « conception renouvelée des relations entre sciences, recherche et société ».
L’ étude a consisté à s’entretenir avec quatre Youtubeurs afin de connaître leur vision de leur activité et leur manière de travailler. Le questionnement a notamment porté sur leurs pratiques informationnelles.
Les résultats des entretiens sont riches et difficiles à résumer. On peut cependant mettre en relief quelques éléments communs :
 le statut assumé de vulgarisateur et/ou médiateur des sciences
 des pratiques de collecte d’information riches et organisées : veille automatisée, usage des réseaux sociaux, lecture de revues spécialisées…
 l’attention portée aux suggestions du public pour choisir les sujets traités
 la volonté d’échanger avec leur public

Emmanuelle Chevry Pébayle conclut cet article en mentionnant que « des recherches ultérieures méritent d’être réalisées pour examiner le point de vue des web-spectateurs des chaînes des quatre youtubeurs de cette étude afin d’explorer ce qui les pousse à suivre ces chaînes” et également de comprendre “comment ces web-spectateurs accordent-ils leur confiance à ce contenu informationnel présenté avec parfois de l’humour, de la musique, des schémas, des images animées ? ». Il est ici tentant de faire le lien avec l’article “Des formats d’information : Une mise à l’épreuve critique de l’expérience informationnelle”, dans lequel la chercheuse Anne cordier rapporte et analyse des propos d’adolescents issus d’enquêtes qualitatives récentes, portant notamment sur la consultation de contenus informationnels vidéo issus de YouTube. Si les entretiens de la chercheuse ne portent pas spécifiquement sur les contenus de ces quatre chaines, ni même sur la consultation de vidéos de vulgarisation, les extraits qu’elle analyse sont riches d’enseignement quant au rapport que ces jeunes entretiennent avec les produits informationnels de cette plateforme.