Les élèves d’une classe de troisième préparent une rencontre avec Virgile Novarina autour de son film documentaire sur Jean Olivier Hucleux. Ils doivent organiser leurs questions selon deux axes : la réalisation d’un documentaire vidéo et le travail de Jean Olivier Hucleux.
Auteur du scénario | Thomas Rattier (documentation) / Mathilde Nobilet (Lettres modernes) |
Date du scénario | 02/2015 |
Classe / niveau | 3ème |
Disciplines impliquées | Documentation / Lettre modernes |
Autres partenaires (CPE, infirmière...) | Professeur d’arts plastiques |
Objectifs disciplinaires et/ou transversaux | • Travail sur l’argumentation (lire, écrire et dire) :
– repérer et analyser la fonction argumentative des images. – émettre et développer un point de vue. – participer à un échange verbal. Dire – Je prends la parole en public. – Je m’exprime de façon audible et compréhensible avec le niveau de langue approprié. – Je suis capable de reformuler mon propos. – Je suis capable de reformuler un document, un bilan, une situation, les propos d’un autre. – Je participe à un débat, un échange verbal. – J’écoute et je prends en compte la parole d’autrui. Lire / écrire / Pratique d’un langage « scientifique » – Je sais lire et construire un schéma, un tableau sur une notion étudiée. Lire / Pratique du langage des arts – Je sais observer, décrire et analyser des images. – Analyser la nature des images et repérer leur fonction (narrative, argumentative…). • Histoire des arts. – Établir des liens entre des œuvres. |
Objectifs documentaires | Voir matrice ci-dessous, les compétences sont repérées en gras |
Outils TICE utilisés | Lecteur vidéo |
Ressources utilisées pour la préparation | Voir lien en bas de page |
Ressources documentaires utilisées par les élèves | Novarina, Virgile. « Jean Olivier Hucleux du travail à l’oeuvre ». Après production, 11/2011+ Voir lien en bas de page |
Modalités d’évaluation de l’élève | formative |
La matrice ci-dessous faire ressortir l’ensemble des compétences mobilisables dans la manipulation du document de collecte. Celles travaillées dans ce projet apparaissent en gras.
{{}} | Domaine informationnel | Domaine technique | Domaine social |
Lire | Identifier les partis pris du réalisateur → subjectivité / objectivité (verbale, picturale) : le point de vue du réalisateur sur le sujet (notion de parti-pris) (comment on le repère / à quels indices ? Comment on l’interprète ?) → narrativisation → choix artistiques (l’effet des silences, les images d’exposition, les coupures de presse, la musique). |
- Savoir que la réalisation d’un documentaire nécessite un travail préparatoire.
– Distinguer commentaires (voix off) / entretien / témoignage – Ponctuation visuelle, sonore – Les mouvements internes à l’image et les mouvements de caméra – Les temps perceptibles, explicites ou implicites, suggérés |
- Les valeurs en jeu (idéologie implicite/explicite)
– Interpréter les partis pris du réalisateur pour définir son point de vue sur le sujet – Évaluer le statut du réalisateur - le(s) statut(s) des intervenants- le contexte de la réalisation (époque, lieu...) |
Écrire | - Interpréter de façon critique (ne pas se limiter à la somme des détails observés mais relier les éléments entre eux pour comprendre comment ils construisent du sens en s’articulant)
– Exprimer un avis argumenté | ||
Naviguer | - Le chapitrage
– La durée : * totale * des chapitres * des plans (de certains plans par rapport aux autres) |
Connaître les solutions de télévision de rattrapage et VOD | Évaluer le statut de l’instance de production Connaître les espaces ressources pour accéder (emprunter ou acheter) à des documentaires vidéo : CDI, Médiathèque, Librairies (indépendantes, grandes enseignes, musées), sites Internet Savoir « chercher » : lire le programme télé- connaître des émissions qui en diffusent |
Organiser | Définir l’objet | Différencier avec : Enquête, Fiction, Reportage, Entretien Catégoriser parmi : docufiction, webdocumentaire |
Connaître l’existence d’une page internet associée au documentaires |
Déroulement
Séance 1 : définir le documentaire vidéo (2h)
Introduction :
En amont de la séance, les élèves ont répondu à un questionnaire afin d’évaluer leurs connaissances sur le documentaire vidéo.
Il en ressort
→ Des habitudes :
→ Les thèmes les plus fréquents sont les animaux, la nature, le sport
→ Parce qu’ils tombent dessus par hasard à la télévision
→ Quatre verbes reviennent tout le temps : s’informer sur quelque chose qu’on connaît ou découvrir/apprendre de nouvelles choses qu’on ne connaît pas pour connaître le monde = approfondir une connaissance ou découvrir un thème.
Il ressort également du questionnaire que les élèves confondent le reportage du JT avec le documentaire.
Description :
Étape 1
La notion de plan à partir de l’extrait de fiction : on en change souvent ?
Montrer l’extrait du film « Van Gogh » en classe entrière :
→ Fiction ou documentaire ? Justifier (costumes, acteurs, dialogues (historiques ou inventés ? Si inventés, par qui ?), Van Gogh n’a pas pu être filmé de son vivant…)
Comment se construit un film de fiction ? Quels métiers interviennent ?(scénariste, réalisateur, acteurs…). Qui « signe » le film ? (parallèle avec l’auteur du livre)
→ Définition du travail de montage = assembler des « bouts » de film, on ne garde pas tout donc on fait des choix pour raconter une histoire.
Ces « bouts » sont des plans
Exemple : combien de plans pour une séquence dans « Van Gogh » ?
Étape 2
Le rapport images/sons à partir du reportage extrait d’un JT « Exposition André Robillard à Orléans ».
Montrer une fois la vidéo : fiction ou documentaire ? Où peut-on voir ce type de vidéo ?
En quoi est-ce différent de la fiction ?
Revoir la vidéo plan par plan : consigne à chaque changement de plan, le signaler.
Orienter selon deux directions : ce qu’on voit / ce qu’on entend ?
Ce qu’on voit : comment est-ce filmé (les mouvements de caméra, comment elle se place par rapport au sujet) ? + la cadre (le champ et le hors champ).
→ Faire ressortir les différents plans, montrer qu’ils s’enchaînent rapidement.
→ Musique :
→ Voix off :
→ écriture / montage
Le découpage du reportage est, à peu près, le suivant :
Exposition André Robillard à Orléans, plan par plan | |||
---|---|---|---|
Ce qu’on voit ? Ce qu’on entend ? (à l’oral) | Comment c’est montré ? C’est dit ? (technique) | Ce que ça dit (informations) | |
Plan 1(0:00 → 0:25) | oeuvres filmées dans le musée (on le voit grâce aux arrières plans)Musique d’introduction : donne un rythme, sans rapport avec les imagesVoix off (présente l’artiste) + suite de la musique en fondEnchaînement rapide des images = même rythme que la musique | Images fixesArrière planMusiqueVoix off | Il fabrique des fusils avec des matériaux de récupération |
Plan 2(0:25 → 0:39) | L’artiste parle, il est dans le musée au milieu des visiteurs.Il bouge, la caméra le suit il est parfois de dos, de profil ou de 3/4, la caméra est proche de lui (plan rapproché (voir échelle des plans vue en BD en cours)Il explique ce qu’il fait, on ne le comprend pas toujours très bien. Il montre sur certaines de ses œuvres. | Images animées (film)Pas de voix offLe plan se termine pas une musique qui sert de transition avec le plan suivant | Répète ce qu’a dit la voix off |
Plan 3 (0:39 → 0:52) | Images fixes : des œuvres dessinéesMusiqueVoix off : explique | Il fait aussi des dessins | |
Plan 4(0:52 → 1:10) | L’artiste parle devant ses dessins dans le muséeUne phrase coupée (« c’est la planète... ») | Caméra en mouvement, proche du visage (plan rapproché), on le voit de dos parfois de face | Peu d’informations supplémentaires par rapport à voix off qui précède |
Plan 5(1:10 → 1:28) | Images de l’artiste sur scène (joue de la musique, parle dans un micro) | FilmSons de la musique jouée | Il joue dans un spectacle avec une compagnieIl parle le martien et aboie comme Hitler |
Plan 6(1:28 → 1:36 | L’artiste dans le musée, parle devant une œuvre | Film | |
Plan 7(1:36 → 1:48) | Images prises dans le musées : des œuvres et des visiteursMusique de fond (idem celle du début) | FilmVoix off | Il a rencontré Dubuffet |
Étape 3
En autonomie, au brouillon : en regardant les deux extraits de documentaires « Portrait d’André Robillard par Jo Pinto Maia » et « André Robillard, de la psychatrie à l’art brut » : repérer les différences et les similitudes (nouvelles techniques, organisation des informations…) avec l’extrait du film de fiction et le reportage.
Conclusion :
Dans les vidéos vues, lesquelles sont des contre-exemples ? La fiction (Van Gogh ») et le reportage de JT (« Exposition André Robillard à Orléans ») dans lesquels le personnage est « objet ».
Inversement, « Portrait d’André Robillard par Jo Pinto Maia » et « André Robillard, de la psychatrie à l’art brut » sont des exemples de films documentaires (le personnage y est « sujet »)).
À partir de ce qui a été dit, on peut compléter une fiche type « fiche notion » sur le modèle ci-dessous :
Séance 2 : rencontre avec le réalisateur (2h)
En classe entière, les élèves ont regardé des extraits du film « Jean Olivier Hucleux du travail à l’œuvre » et ils ont préparé des questions sur la réalisation du documentaire et sur le travail de l’artiste représenté.
La classe regarde le film en présence du réalisateur puis un échange s’instaure à partir des questions préparées ou spontanées.
Séance 3 : définir le documentaire vidéo, compléments (1h)
En classe, on complète au tableau la fiche notion puis les élèves, par binômes, reprennent les différentes entrées pour rédiger une définition du documentaire vidéo au brouillon.
Chaque groupe lit sa définition, une définition collective fait la synthèse et est ajoutée à la fiche notion (voir ci-dessous).
Bilan / conseils aux lecteurs
Ce qui a fonctionné :
Évidemment, la rencontre avec un réalisateur permet d’aborder beaucoup de questions sur la conception d’un film documentaire de façon plus vivante. Il est possible malgré tout d’aborder de façon plus théorique tout ce qui a été dit.
Tous les binômes ont réussi à proposer une définition cohérente du documentaire vidéo.
Perspectives de prolongement :
Le film documentaire sur un artiste, en tout cas celui visionné ou ceux utilisés lors de la préparation de la rencontre, ne se prête pas au travail de certaines compétences. Apprendre à évaluer le statut des intervenants par exemple serait certainement plus pertinent à partir d’un documentaire engagé qui exposerait des avis contradictoires.
Pour cette raison, la définition du documentaire vidéo est incomplète. Néanmoins, l’étude présentée ici peut constituer une première base pour aborder cet objet. Elle serait ensuite à prolonger par l’étude d’un documentaire sur un autre sujet.